Hey Manu, tu descends … ?! Lettre ouverte à monsieur le président de la république, écrite entre deux bétonnières

Hey Manu ! enfin cher monsieur le président de la République,

Un pote vient de nous montrer tes prouesses du 18 juin sur son téléphone.

Chercher à casser un jeune devant des caméras quand on s’appelle Manu, qu’on s’est soi-même ridiculisé dans une mauvaise télé-réalité et qu’on doit par conséquent subir les moqueries permanentes des ados qu’on croise dans la rue, ça va. C’est un peu ton cas, c’est vrai. Tu es donc à moitié pardonnable car il n’est pas évident de se faire passer pour une jeune star quand la majeure partie de la jeunesse t’exècre. Mais quand en est président de la République, ce n’est pas très subtil. Tweeter, comme Trump l’aurait fait, la vidéo sur son compte twitter officiel est une attitude carrément déplacée, malpolie et infantile. Tu manques vraiment d’éducation.

Mais est-ce le compte de Manu ou celui du président ?

Docteur Manu and mister president ?

Voir la vidéo sur le tweet :
https://twitter.com/i/status/1008770776391127042

“Tu fais les choses dans le bon ordre. Le jour où tu veux faire la révolution, t’apprends à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même et à c’moment là t’iras donner des leçons !”
Monsieur le président, qu’aviez-vous donc encore (ap)pris ?

Ta conversation détendue, c’est la détente version guerre (civile) froide !

En somme, si tu n’as pas de diplôme, que tu n’arrives pas à te trouver une situation, tu n’as aucune légitimité pour faire la révolution ?
Le nouveau sujet révolutionnaire : sans doute les ingénieurs à Grenoble et les radiologues. Ou est-ce qu’un CAP en maçonnerie ça compte ?

Qu’importe. De toute façon, “T’apprends à avoir un diplôme”, est une bien laide formulation.

Vous déclarez aussi “aujourd’hui c’est la Marseillaise et le chant des partisans” et vous accusez l’adolescent de vouloir faire la révolution parce qu’il a osé chantonner et vous appeler Manu ce jour là … Pour lui, la figure du président de la république peut très bien se résumer à “Manu”. Pour vous, commémorer le 18 juin, ça se résume à deux chansons.

Et puis Manu, tu vois la révolution partout. En as-tu si peur ?

Mister président, si vous considérez comme un potentiel révolutionnaire quiconque ne reconnaît pas votre majesté, ne se considère pas comme inférieur à vous, vous voit tout au plus comme un représentant de commerce, arrogant, ridicule, dangereux et sans doute un peu fou, ce n’est plus un spectre qui hante l’Europe mais une armée de fantômes qui doit vous réveiller chacune de vos nuits.

Viens faire des chantiers avec nous, Manu, tu dormiras mieux. On te fait l’apprentissage. Manœuvre ça te va ? Ensuite, tu pourras passer des diplômes. Mais t’inquiète l’important c’est la pratique. Tu peux même venir te former en alternance.

“Vous êtes en quelle classe”, demandez-vous, au garçon et à son pote, sa majesté le président ? “Troisième”, vous répondent-il. “Bon ben y’a encore du boulot, hein”, rétorquez-vous, fier.
Une conception toute particulière de l’éducation, avec des punchlines tirées tout droit des répertoires du paternalisme autoritaire. Genre coup de pression : “faut être à la hauteur, la vie c’est se battre pour être le premier, le meilleur, alors faut se mettre au travail”. Quand vous rencontrez un jeune, lui parlez-vous toujours de la sorte à la première minute de rencontre ? On vous prendrait pour un type vraiment bizarre. Est-ce les caméras qui vous ont donné cet élan de courage? De la société de cour à celle de cour de récré.

Mais docteur Manu, as-tu cherché à mettre en avant tout ce qu’il te reste de grandeur par rapport à lui ? Ton âge, ton absurde statut de président (si l’époque a les présidents qu’elle mérite, au moins c’est clair, on vit une époque de merde) et ton arrogante verve filmée pour les JT.

Ce n’est pas en noyant les autres que vous apprendrez à nager, mister president. On ne vous a jamais appris cela quand vous étiez enfant ?

L’adolescent, qui n’a vraiment rien à se reprocher, au contraire, te demande pourquoi la mention est-elle importante au brevet, sous-entendu on ne vit pas que pour être classé, on ne doit pas confondre la vie et un jeu Nintendo. Ce ne sont que des notes. “Et ben, pour montrer ce dont tu es capable et aller le plus loin possible”, réponds-tu. Puis tu baragouines : “ou comme toujours euh juste la barre … voilà, faut penser à la suite et être un exemple. Ceux que tu es venu honorer aujourd’hui, ils se sont pas juste contentés d’avoir la barre …”

Non De Gaulle ne s’est sans doute pas juste contenté d’avoir la barre, merci pour la finesse mister president.

Quant à ce petit con de Guy Môquet, on ne saura jamais jusqu’où il aurait été. Non mais, mourir avant de passer le bac, quelle outrecuidance !

Par le Construction Sociale Club, le 19 juin 2018